Une société de tests aurait fait inhaler divers gaz d’échappement à des êtres vivants. Ses principaux clients auraient été trois grands groupes de l’automobile : Volkswagen, Daimler et BMW. Des médias se sont emparés du sujet et évoquent un véritable « Monkeygate ». Si Volkswagen et Daimler ont présenté des excuses, BMW nie toute participation ou responsabilité.

Retour sur les faits

À l’origine du scandale se trouverait le désir de plusieurs constructeurs allemands de démontrer expérimentalement le caractère inoffensif du diesel. On sait bien que cette motorisation économique n’a plus bonne presse, après avoir été encouragée des décennies durant par divers gouvernements. On lui reproche notamment l’émission de particules fines et une pollution d’autant plus dangereuse.

C’est ici qu’intervient l’EUGT, dont le sigle pourrait être traduit par : « Groupe européen de recherche sur l’environnement et sur la santé dans le secteur des transports ». Cette institution a été en partie financée par Volkswagen, Daimler (propriétaire de Mercedes-Benz) et BMW-MINI entre 2007 et 2017, mais aussi par diverses autres entreprises, telles que Bosch. Voici l’un des premiers reportages d’analyse anglophones sur le scandale évoqué :

L’EUGT a eu le malheur d’effectuer des essais sur des cobayes, et notamment des singes. Il s’agissait d’éprouver leur réaction face à l’inhalation d’oxyde d’azote et de dioxyde d’azote, éléments avec lesquels il est généralement peu conseillé d’être en contact. L’affaire a été évoquée le 25 janvier 2018 par The New York Times. 10 macaques ont par exemples été soumis pendant 4 heures aux gaz d’échappement d’une Volkswagen Beetle à Albuquerque en 2014. Cependant, seule la justice des pays concernés pourra établir l’illégalité de la pratique. L’EUGT nie toute responsabilité dans ces expérimentations nord-américaines.

Le 29 janvier 2018, deux quotidiens allemands ont évoqué des expériences sur des cobayes humains : Süddeutsche Zeitung et Stuttgarter Zeitung. Il s’agirait de 25 adultes, entre 2012 et 2015. Cette fois-ci, les expérimentations ont eu lieu à Aix-la-Chapelle en Allemagne. Les expositions aux gaz toxiques duraient 3 heures. Le tout a abouti en 2016 à la publication d’une étude scientifique établissant l’absence d’« effets inflammatoires sur les voies respiratoires », le but étant semble-t-il de démonter les accusations portées contre le diesel.

Un scandale pris au sérieux par l’État allemand

Si la crise politique allemande empêche la formation d’un gouvernement durable, la chancelière Angela Merkel est bel et bien en place. C’est son porte-parole officiel Steffen Seibert qui a dévoilé ce qui s’apparente à un « Monkeygate ». Les néologismes de ce genre sont courants, au moins depuis le Watergate aux États-Unis, pour désigner les grandes affaires occupant un temps la scène médiatique. La chancellerie allemande souhaite ainsi demander des comptes aux trois fleurons de son industrie automobile. C’est un problème éthique qui est invoqué pour condamner les agissements de l’EUGT.

Après des tests trafiqués par différents constructeurs, notamment Volkswagen pour 11 millions de véhicules, c’est un nouveau coup dur pour le secteur automobile. D’ailleurs, c’est encore une fois le groupe VW qui semble être la cheville ouvrière des expérimentations sur des primates. C’est ce qu’a avoué Christian Schmidt, ministre des Transports de l’Allemagne : « La confiance en l’industrie automobile est de nouveau abîmée ». Une commission d’enquête parlementaire avait été mise en place par le Bundestag à la suite du Dieselgate commencé en 2015. C’est donc ce premier scandale que viennent compléter les faits rendus publics aujourd’hui. Le groupe Volkswagen a d’ores et déjà présenté ses excuses en regrettant ces tests.

Pour rappel, voici un état des lieux de septembre 2017 sur le Dieselgate :

Barbara Hendricks, ministre de l’Environnement dans le gouvernement allemand de transition, s’est dite « écœurée ». Les forces écologistes sont plutôt fortes outre-Rhin. Une rencontre exceptionnelle va être organisée à l’instigation de la Commission européenne. Elle rassemblera les ministres de l’Environnement de l’Allemagne, de la France et de l’Italie. Il ne fait aucun doute que ces faits inédits vont permettre un matraquage encore plus important contre le diesel. De ce fait, ce seront probablement tous les constructeurs automobiles qui pâtiront de l’instrumentalisation du scandale, ainsi que le porte-monnaie des automobilistes.

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Passionnée de longue date par l'automobile et BMW, Anice, technicienne informatique diplômée de l'UPEC, partage depuis dix ans son savoir en tant que rédactrice automobile. Son expertise technique et son regard unique sur l'innovation appliquée à l'univers BMW font d'elle une référence précieuse. Contact : [email protected].

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